J’ai longtemps réfléchi à la meilleure façon d’annoncer ici la fin de 109Lab. Comment exprimer l’échec d’un projet sans que cela paraisse négatif ? Comment montrer en quelques mots que je ne regrette pas l’aventure, que l’expérience est positive ? Voilà 5 mois que l’aventure 109Lab est officiellement terminée et je n’ai toujours pas trouvé comment dire tout ça en quelques mots.
Alors tant pis ce sera avec un peu plus de mots que prévus :
Pourquoi 109Lab s’est arrêté ?
Avec mes 2 associés, nous avons partagé pendant près de 3 ans le quotidien à la fois difficile et excitant des startups. Nous nous étions donné financièrement les moyens de tenir jusqu’à fin 2012 et nous nous étions fixé donc cette date pour faire un bilan sur notre projet et envisager ensemble la feuille de route de 109Lab. Fin 2012 est arrivé (trop vite). Force fut de constater que nous n’avions pas atteint nos objectifs et que nous n’étions pas encore au seuil de la réussite. Et malheureusement mes 2 associés et moi ne nous entendions plus sur le plan à mettre en oeuvre pour atteindre ce succès. L’association ne tenait plus, la boîte ne rapportait pas d’argent, le marché ne répondait pas… Ma vision en avait pris un coup. La séparation était donc la meilleure solution
Comment ça s’est passé ?
Nous nous sommes retrouvés en cessation de paiement en janvier 2013 et avons donc ouvert une procédure de liquidation judiciaire. La procédure a officiellement était lancée en février après un passage rapide au tribunal devant le juge. Liquidateur judiciaire, commissaire priseur, créanciers… La procédure est longue (je ne crois pas qu’elle soit terminée à ce jour), les rendez-vous ne sont pas joyeux mais nous avons eu beaucoup de chance : pas de salariés, des créanciers compréhensifs, un expert-comptable sérieux, un avocat de bon conseil…
109Lab va continuer à exister encore administrativement pendant quelques temps, mais bientôt il ne restera plus de cet épisode que l’indice « 040 » à côté de mon nom et de celui de mes associés dans les fichiers de la banque de France qui s’assure ainsi que toutes les banques du pays sachent à l’avenir que je suis un gros vilain qui a planté une boite :-)
Que retiens-tu de cette expérience ?
Tellement de choses !! J’ai appris plein de choses et j’ai fait beaucoup de conneries ! Si c’était à refaire, je le referai différemment bien sûr. Pour autant je ne regrette rien. Je garde d’excellents souvenirs de ces 3 années. Si je devais tirer des leçons de mon expérience, ça serait celles-ci :
- N’optimise pas ! N’optimise pas ton code, tes workflows, tes process, ton administratif, ta communication… Ce n’est pas le moment, tu le feras quand tu auras rencontré le succès, que tu auras grandi.
- Ne t’associe pas à parts égales ! Même si tu as l’impression de partager avec tes associés la même vision, tu risques de transformer ta vision en compromis…
- Ecoute tes early-adopters ! Si la masse n’adhère pas à ton produit, ce n’est pas grave. Mais si tu ne trouves pas tes early-adopters ou qu’ils ne te suivent pas, c’est mauvais signe.
- Le marché avant la techno ! N’écoute pas les chants des sirènes d’OSEO. Une super techno qui n’intéresse personne… ça n’intéresse personne. Teste le marché avant de foncer dans la techno.
- Tous les conseils sont bons mais ils ne changeront pas ton idée. Les structures d’accompagnement et de conseil aux entrepreneurs sont légions. Les conseils sont souvent pertinents, et se contredisent souvent. Ecoute-les, suis en certains mais sache que la réussite de ton projet dépend uniquement de la qualité de ton idée et de ta capacité à la mettre en oeuvre.
- Sors de ton trou ! Force-toi à te confronter aux autres. Pitch ton idée. Rencontre d’autres entrepreneurs. Rencontre tes futurs utilisateurs. Vends-toi et teste !
Et maintenant ?
Le plus difficile a été d’accepter de lâcher l’affaire. Devais-je tenter le tout pour le tout avec 109Lab et poursuivre malgré les désaccords ? Devais-je poursuivre une association avec l’un ou l’autre de mes associés ? Ou bien reprendre le projet seul et le porter seul selon mes convictions ? Devais-je creuser les quelques pistes de développement qui semblaient prometteuses ? Une fois la décision d’arrêter définitivement 109Lab, de mettre au placard ma vision et de renouer avec le salariat, j’ai l’impression d’avoir très vite tourné la page. La parenthèse 109Lab se referme, une nouvelle vie commence et ça c’est une autre histoire.
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