Parce que le « corporate hacking » est une attitude de défiance envers l’entreprise, ses procédures et son organisation, il s’oppose naturellement à l’esprit « corporate » naturellement recherché par tous les dirigeants d’entreprise.
Pourtant les entreprises qui travaillent sur leur transformation digitale commencent à voir dans le corporate hacking une solution pour développer l’innovation et l’agilité. De grands groupes font des journées « corporate hacking », des managers encensent leurs corporate hackeurs et même des agences se spécialisent dans cette discipline (comme si on pouvait professionnaliser le corporate hacking !!?). Et pourtant ce sont les mêmes entreprises qui depuis des années se sont évertuées à améliorer l’efficience du travail collectif de leurs collaborateurs en définissant des processus, en construisant des systèmes hiérarchiques, en obtenant des normes iso-machin-trucs…
Ainsi, on en arrive à diffuser dans l’entreprise deux messages contradictoires :
- L’esprit corporate : tous ensemble, nous devons collaborer en respectant les procédures et l’organisation établie pour tendre collectivement vers les objectifs de l’entreprise.
- Le corporate hacking : chacun peut contourner les procédures et l’organisation établie, s’affranchir des règles et des rapports hiérarchiques pour atteindre plus rapidement les objectifs de l’entreprise.
Comment les collaborateurs peuvent-ils accueillir ces messages contradictoires sans tomber dans la schizophrénie ?
Il y a, je trouve, une certaine hypocrisie chez les entreprises qui font la promotion du corporate hacking sans pour autant se lancer vraiment dans une démarche d’entreprise libérée. Si tu ne crois plus en l’efficacité de ton organisation, alors va jusqu’au bout de la démarche et ne te contente pas de promouvoir le corporate hacking. Et à l’inverse, si tu ne souhaites pas libérer tes collaborateurs alors ne parle de corporate hacking et assume les lourdeurs de ton organisation.
Quelle solution ?
A mon avis, il faudrait plutôt faire des stages de corporate hacking aux top managers, aux directeurs, et présidents afin qu’ils comprennent la valeur des hackers, et l’utilité de rendre les organisations moins rigides, de supprimer quelques process, de redonner de l’autonomie aux employés et de promouvoir le droit à l’erreur.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Sujet intéressant et complexe. L’ambivalence corporate / corporate hacking crée effectivement une sorte de schizophrénie mais cela est sans doute inhérent aux organisations dans lesquelles le corporate existe et est fort : si tu as du corporate tu as forcément du corporate hacking, car le top management ou les salariés ont besoin de cela pour court-circuiter un process ou une personne, pour débloquer ou avancer plus vite sur un projet. Mais les grosses structures ont également besoin d’un formalisme et de proccess….Donc l’enjeu sans doute est de savoir mixer les deux, en identifiant pour chaque projet / département / tâche le bon niveau de complexité de process : du plus flexible au plus cadré. Mais cela est rarement fait car le process est souvent non discuté, fixé par une personne de manière arbitraire, par une habitude, par un prestataire…