GLOBAL INDUSTRIE est le salon français de référence du secteur industriel où l’on parle notamment de Smart Industrie, de révolution industrielle et de transformation digitale. J’y ai été invité cette année pour participer à une table ronde sur le sujet « Comment construire son projet de digitalisation ? » avec Olivier Renvoisé (Lead Digital Operation chez Engie), Eric Yvain (Directeur Général chez Saunier Duval ECCI) et Ludovic Donati (Chief Digital Officer chez groupe Eramet).
La formulation de la question donne l’impression qu’il s’agissait d’un débat sur le déploiement opérationnel d’un projet digital dans le cadre d’une transformation digitale mais il s’agissait plutôt de débattre sur la stratégie à mettre en oeuvre pour mener une transformation digitale. Voici la vidéo de la conférence.
L’exercice très contraint de la table ronde ne m’ayant pas permis d’exposer l’ensemble de mes idées, je vous propose de retrouver ici mes réponses complètes à la question « comment mener une transformation digitale ? » :
La digitalisation : un but en soi ou un moyen ?
Moyen : Un moyen évidemment.
Anxiogène : c’est justement parce qu’on considère que la digitalisation est une fin en soi que cela devient anxiogène.
Injonction : Il y a aujourd’hui, quand on lit les médias, comme une injonction à se digitaliser. Il faut me digitaliser, il faut mettre du digital partout. Non il faut trouver de la croissance il faut trouver de la rentabilité, il faut s’adapter à un marché, s’adapter aux nouveaux usages de ses collaborateurs, de ses clients… Ça oui, et pour cela, il y a le digital.
Fondamentaux : A force de parler de digital, on en oublie les fondamentaux de son entreprise, la nécessité d’avoir une vision, et des objectifs d’entreprise. Le digital est un moyen d’atteindre un objectif d’entreprise.
Projet global ou étape par étape ?
Les deux : L’un n’empêche pas l’autre.
Cycles d’évolutions très courts : Evidemment qu’il faut travailler étape par étape, projet par projet. Les technologies et les usages évoluant tellement vite aujourd’hui, le seul moyen d’avancer sans se tromper, c’est de le faire par petites étapes. C’est le principe même des méthodes agiles.
Projet global : Mais cela ne veut pas dire que cela doit être fait au détriment d’une vision globale et d’un projet d’entreprise.
Opportunisme : S’il n’y a pas un projet global qui coordonne tous les projets de digitalisation, on risque d’avancer par opportunisme uniquement, de faire du vent. On va aller là où les buzzwords nous portent, là où le collaborateur le plus influent veut aller, là où le prestataire le plus convaincant veut nous mener. IA, Chatbot, impression 3D, blockchain…
De l’agilité sans vision, c’est de l’agitation.
Et l’humain dans tout ça ?
Fondamental.
On y serait depuis longtemps : Si tout ça n’était qu’une question d’outils, on n’y serait tous depuis longtemps.
Expérience sous l’angle de l’outil : Pendant des années j’ai traité le digital sous l’angle de l’outil. Parce que je répondais à la commande de mes clients. Mais il y avait toujours d’énorme décalage entre l’ambition et la réalité du projet. Pourquoi ? Parce qu’on oubliait le maillon essentiel : l’humain.
Exemple culture du zéro défaut : J’ai notamment été confronté à la culture du zéro défaut. Une culture très puissante qui suscite souvent la fierté de ceux qui la pratique mais qui est aux antipode des méthodes agiles nécessaire au déploiement efficace de solutions technologiques/digitales.
Les erreurs à éviter
Vision : Considérer que le digital est une fin en soit.
Projet : Tirer à tout va sans avoir un projet construit.
Humain : Ne pas considérer le facteur humain dans un projet de digitalisation.
Patron : Se lancer si la direction n’est pas convaincue. Cela ne sert à rien de lancer un plan de transformation si le dirigeant n’est pas convaincu, n’est pas leader sur le projet.
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